Orange a été violemment accusé de brider le débit de ses abonnés naviguant sur les sites MegaUpload et MegaVideo, se voyant contraint de rétorquer rapidement. Si le fond de l'affaire reste obscur, celle-ci nous éclaire sur la situation conflictuelle que la mise en place de l'Hadopi a pu faire naître autour de la neutralité du net.
Alors que l'Hadopi vient d'annoncer son entrée dans la deuxième phase de la riposte graduée, un nouveau conflit entre FAI et éditeur de sites web vient illustrer la situation de tension qui s'est installée autour de la question de la neutralité du net.
En avril dernier, c'est Free qui se voyait accusé par des abonnés en zone non-dégroupée de brider certains usages, tels que le streaming, les jeux en ligne ou le P2P. Aujourd'hui, une accusation analogue pèse sur Orange.
En effet, dans la nuit de mardi à mercredi, le site de streaming MegaVideo, filiale de MegaUpload, affichait une pop-up stipulant qu'il était probable « que votre fournisseur d'accès restreigne intentionnellement votre accès à des parties importantes de l'Internet ».
Cependant, il ne s'agissait pas d'une simple mise en garde. Le message citait nommément Orange et invitait les utilisateurs du site à se plaindre auprès du service client de l'opérateur et à menacer de résilier leur abonnement Internet au profit de SFR ou de Free.
Orange a aussitôt organisé une conférence téléphonique afin de démentir les accusations de bridage, assurant respecter les règles de la neutralité du net édictées par l'ARCEP. Le FAI admet que des « performances variables tout au long de la journée » ont bien été enregistrées, mais qu'elles sont à imputer en grande partie à MegaUpload qui paye ici sa stratégie low-cost et qui doit « faire des efforts pour mettre à niveau ses infrastructures ». L'opérateur n'exclut d'ailleurs pas de poursuivre en justice l'éditeur du site si le message de dénigrement apparu entre mardi et mercredi devait refaire son apparition.
Au-delà de la polémique, cette affaire est emblématique du climat de tension généré par la mise en place de l'Hadopi. En effet, depuis l'envoi des premiers mails d'avertissement, la fréquentation des sites de streaming et de partage de fichiers a explosé, provoquant une demande croissante en bande passante. De son côté, OWNI remarque également l'essor des solutions alternatives au P2P qui ont vu le jour suite à la mise en place de la riposte graduée.
Loin d'avoir mis fin au téléchargement illégal, l'Hadopi aurait alors fait naître un monstre à plusieurs têtes face auquel les opérateurs et les FAI ne savent pas comment réagir. Les conflits entre fournisseurs d'accès à Internet et éditeurs de site de streaming ou de partage de fichiers devraient, selon toute vraisemblance, se multiplier dans les mois qui viennent.
Article rédigé le 14/01/2011 à 12h04 par Stéphane Caruana