Vous vous souvenez de l’escroquerie à la taxe carbone ? Entre l’été 2008 et le printemps 2009, un poignée de filous incroyablement culottés ont réussi à carotter 283 millions d’euros de TVA en jouant sur les quotas de C02, avant que l’Etat ne se rende compte qu’on lui faisait les poches. Treize ans plus tard, cette merveille de carambouille, à enseigner dans toutes les écoles de fripouillerie, continue de faire rêver les aigrefins du monde entier et cauchemarder les hommes en noir de Bercy.
C’est dans cette folle histoire que nous replongent «Les Rois de l’Arnaque», le stupéfiant documentaire mis en ligne début novembre par Netflix. Et de quelle manière ! Les auteurs, Guillaume Nicloux et Olivier Bouchara sont parvenus à retrouver tous les protagonistes de l’affaire - arsouilles, intermédiaires, flics, copains, procureur et juge – et ils les ont convaincus de venir tout raconter face à la caméra. Pas de commentaires, pas de voix off, rien que des interviews montées en file indienne, piquetées de confidences intimes et d’anecdotes à se tordre de rire, qui dessinent peu à peu les contours de la mère des escroqueries du XXIème siècle. Cela donne un incroyable objet télévisuel, à mi-chemin entre "La Vérité Si Je Mens" et "L’Attaque du Train Postal", sauf que tout est vrai.
Dès la première minute, on comprend que Marco Mouly, Croquignol dégingandé qui, de son propre aveu «ne sait ni lire ni écrire», va crever l’écran avec ses répliques à la Audiard et son baratin de vendeur de matelas. «Je ne savais pas que c’était du carbone, je croyais que c’était de l’oxygène pour les pompiers, je n’ai compris qu’à la fin, quand on m’a condamné», jure-t-il avec un sourire dans les yeux.
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«Il ne faut jamais croire Marco, soupire son copain Dominique Guez, lui aussi Juif Séfarade arrivé de Tunisie, comme toute la bande. 98,8% de ce qu’il dit ce sont des mensonges, il n’y a que 1,2% de vrai». Dans sa jeunesse, Mouly pissait dans les merguez que préparait son père, boucher dans le quartier de Belleville. Pour pimenter son existence, il savait déjà y faire.
La suite n’est pas plus sérieuse. En gros, nos joyeux drilles ont deux objectifs dans la vie : gagner beaucoup d’argent et faire beaucoup la fête avec. Lorsque, au début de l'année 2008, ils comprennent qu’il leur suffit pour cela d'empocher la TVA facturée par l'Etat sur les quotas de C02, ils n’hésitent pas une seconde. «La taxe carbone, c’était la Banque de France avec les portes ouvertes, il suffisait d’y venir avec des caddies et de les remplir», rigole l’un d’eux. Pas si simple que ça tout de même. Pendant des mois, déguisés en hommes d’affaires avec fausse secrétaire sapée et attaché-case de cave, ils vont mettre en place une logistique digne de l’armée américaine, créer des dizaines de sociétés partout sur la planète, ouvrir des comptes en banque dans les paradis fiscaux, s’attacher les services d’un courtier polonais et d'une pleine botte de gérants de paille. Pour financer l’affaire, ils feront appel à Arnaud Mimran, un copain de copain venu des beaux quartiers, et bourré d’oseille.
La deuxième partie du programme leur demandera moins d’effort : Bentley, Ferrari, palaces, fringues princières, flambe de malade à Las Vegas et doigts de pieds en éventail aux Caraïbes avec des filles de rêve. Le scénario aurait pu être parfait s’il ne s’était soldé par deux meurtres et une tentative d’assassinat (ce n’est jamais très bon d’avoir trop d’argent). Et par de longues peines d'emprisonnement : Marco Mouly et Grégory Zaoui vont passer sept ans derrière les barreaux, Arnaud Mimran, accusé d'avoir commandité les meurtres de son comparse Samy Souied et de son beau-père Claude Dray, y croupit toujours.
De son bureau du tribunal, Patrice Amar, l’inflexible procureur vedette, qui a bataillé pendant des années aux côtés du juge Renaud Van Ruymbeke pour mettre «hors d’état de nuire» ces «parasites», survole ce monde avec une étrange distanciation philosophique. «Finalement, je l’aime bien Mouly», finit-il par confesser.
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Vous vous souvenez de l’escroquerie à la taxe carbone ? Entre l’été 2008 et le printemps 2009, un poignée de filous incroyablement culottés ont réussi à carotter 283 millions d’euros de TVA en jouant sur les quotas de C02, avant que l’Etat ne se rende compte qu’on lui faisait les poches. Treize ans plus tard, cette merveille de carambouille, à enseigner dans toutes les écoles de fripouillerie, continue de faire rêver les aigrefins du monde entier et cauchemarder les hommes en noir de Bercy.
C’est dans cette folle histoire que nous replongent «Les Rois de l’Arnaque», le stupéfiant documentaire mis en ligne début novembre par Netflix. Et de quelle manière ! Les auteurs, Guillaume Nicloux et Olivier Bouchara sont parvenus à retrouver tous les protagonistes de l’affaire - arsouilles, intermédiaires, flics, copains, procureur et juge – et ils les ont convaincus de venir tout raconter face à la caméra. Pas de commentaires, pas de voix off, rien que des interviews montées en file indienne, piquetées de confidences intimes et d’anecdotes à se tordre de rire, qui dessinent peu à peu les contours de la mère des escroqueries du XXIème siècle. Cela donne un incroyable objet télévisuel, à mi-chemin entre "La Vérité Si Je Mens" et "L’Attaque du Train Postal", sauf que tout est vrai.
Dès la première minute, on comprend que Marco Mouly, Croquignol dégingandé qui, de son propre aveu «ne sait ni lire ni écrire», va crever l’écran avec ses répliques à la Audiard et son baratin de vendeur de matelas. «Je ne savais pas que c’était du carbone, je croyais que c’était de l’oxygène pour les pompiers, je n’ai compris qu’à la fin, quand on m’a condamné», jure-t-il avec un sourire dans les yeux.
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La suite n’est pas plus sérieuse. En gros, nos joyeux drilles ont deux objectifs dans la vie : gagner beaucoup d’argent et faire beaucoup la fête avec. Lorsque, au début de l'année 2008, ils comprennent qu’il leur suffit pour cela d'empocher la TVA facturée par l'Etat sur les quotas de C02, ils n’hésitent pas une seconde. «La taxe carbone, c’était la Banque de France avec les portes ouvertes, il suffisait d’y venir avec des caddies et de les remplir», rigole l’un d’eux. Pas si simple que ça tout de même. Pendant des mois, déguisés en hommes d’affaires avec fausse secrétaire sapée et attaché-case de cave, ils vont mettre en place une logistique digne de l’armée américaine, créer des dizaines de sociétés partout sur la planète, ouvrir des comptes en banque dans les paradis fiscaux, s’attacher les services d’un courtier polonais et d'une pleine botte de gérants de paille. Pour financer l’affaire, ils feront appel à Arnaud Mimran, un copain de copain venu des beaux quartiers, et bourré d’oseille.
La deuxième partie du programme leur demandera moins d’effort : Bentley, Ferrari, palaces, fringues princières, flambe de malade à Las Vegas et doigts de pieds en éventail aux Caraïbes avec des filles de rêve. Le scénario aurait pu être parfait s’il ne s’était soldé par deux meurtres et une tentative d’assassinat (ce n’est jamais très bon d’avoir trop d’argent). Et par de longues peines d'emprisonnement : Marco Mouly et Grégory Zaoui vont passer sept ans derrière les barreaux, Arnaud Mimran, accusé d'avoir commandité les meurtres de son comparse Samy Souied et de son beau-père Claude Dray, y croupit toujours.
De son bureau du tribunal, Patrice Amar, l’inflexible procureur vedette, qui a bataillé pendant des années aux côtés du juge Renaud Van Ruymbeke pour mettre «hors d’état de nuire» ces «parasites», survole ce monde avec une étrange distanciation philosophique. «Finalement, je l’aime bien Mouly», finit-il par confesser.
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